Questions fréquentes sur la thérapie EMDR

Se libérer grâce à l'EMDR

 

Qu'est-ce que la thérapie EMDR?

L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou "intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires" est une psychothérapie développée à la fin des années 80 par la psychologue californienne Francine Shapiro. Cette approche thérapeutique est considérée aujourd’hui comme le traitement de référence de l’état de stress post-traumatique par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’American Psychological Association et l’American Psychiatric Association et la Haute Autorité de Santé en France.

Aujourd’hui, après 25 ans d’existence, l’EMDR a étendu son champ d'intervention à d’autres troubles comme les troubles anxieux (trouble panique, phobies diverses, etc), les troubles de l’humeur (dépression), les difficultés liées à un deuil, les troubles de la personnalité, les troubles liés à la douleur ou la somatisation, et les problématiques en lien avec l’estime de soi.

Cette approche postule que les symptômes et problématiques qu’une personne présente dans sa vie actuelle sont le résultat d’expériences de vie douloureuses ou traumatiques stockées dans le cerveau de manière dysfonctionnelle, c'est-à-dire en mémoire implicite.

 

Comment est-ce que cela fonctionne ?

Face à une nouvelle expérience, le cerveau « classe » l’information pour n’en retenir que ce qui est nécessaire à la réalisation d’un apprentissage. A cette fin, l’information est stockée et associée avec l’état émotionnel qu’elle a provoqué afin de devenir accessible à la personne dans le futur.

Par exemple, la première fois qu’un enfant approche son doigt de la flamme d’une bougie, son cerveau traite l’information et lie l’image de la flamme à la sensation de douleur et l’associe à la perception de danger.  Ces informations seront stockées ensemble dans le cerveau et cette expérience permettra à l’enfant d’apprendre à se méfier des flammes à l’avenir.

Dans le cas d’un trauma ou d’une expérience douloureuse non résolue, le cerveau est incapable de réaliser l’intégration en mémoire entre l’expérience, les émotions associées et les autres informations adaptatives. De fait, l’expérience traumatique reste figée dans le temps, et demeure associée à une émotion, une sensation physique ou une croyance à propos de soi sources de souffrance. Le cerveau se comporte alors comme un disque rayé, répétant sans cesse un ou plusieurs fragments de l’expérience, d’où les cauchemars, images et/ou pensées intrusives, émotions/sensations douloureuses et croyances négatives à propos de soi (« Je ne vaux rien », « je suis en danger », « je ne suis pas digne d’être aimé », etc). En l’absence d’un processus intégratif, aucun apprentissage n’est réalisé et l’expérience reste irrésolue.

Imaginons, par exemple, qu’une personne soit victime d’un accident de la route traumatique. Cette expérience pourra être conservée dans son cerveau sous une forme fragmentée : le crissement des pneus (sons), le visage des victimes ou des blessures (images), l’effroi ressenti (émotion), la croyance d’être dans une situation de danger de mort seront autant d’informations que le cerveau de la victime aura de la difficulté à intégrer. Le souvenir ne pourra pas être associé à des informations adaptatives comme une croyance positive (comme : “c’est terminé maintenant je suis en sécurité”) et une émotion de calme, par exemple. Il alors possible que la personne réagisse en ayant des cauchemars, en évitant les lieux de l’accident, en éprouvant de la peur face à un véhicule du même type que celui avec lequel il y a eu la collision et en ayant des images perturbantes de la scène qui lui viennent spontanément à l’esprit. Le passé traumatique s’invite alors dans le présent et hante la personne.

L’EMDR permet à la personne de retraiter cette expérience traumatique en activant le système inné de traitement de l’information. Lors de la séance EMDR, le cerveau de la personne produit spontanément des liens entre les fragments d’information traumatique (les bruits, les images, les croyances, les émotions) et les informations issues des réseaux de mémoire adaptatifs (des souvenirs d’expérience où la personne a fait face à un danger de façon plus appropriée, par exemple).

 

A quoi servent les mouvements oculaires?

Plusieurs recherches montrent que les mouvements oculaires:

  • réduisent le caractère vivide des émotions et des images liées au souvenir placé dans le champ de conscience;
  • augmentent les associations mentales liées au souvenir travaillé;
  • diminuent l'activation du système nerveux sympathique (l'accélérateur de l'organisme);
  • améliorent la capacité à prendre de la distance et à observer;
  • réduisent l'évitement mental à la perturbation lié au souvenir traumatique en saturant la mémoire de travail tout en diminuant les émotions liées au souvenir;
  • activent le système parasympathique (le frein de l'organisme) et la réponse d'orientation.

 

Comment se déroule une séance EMDR?

Lors d’une séance EMDR, le thérapeute pose quelques questions précises sur l’événement ou la problématique à travailler pour activer le réseau de mémoire traumatique puis commence des séries de mouvements oculaires/tapping alternatif/sons alternatifs. Pendant ce temps, la personne est invitée à observer ce qui se passe spontanément en elle :

  • images qui défilent,
  • pensées,
  • prises de conscience qui émergent,
  • souvenirs antérieurs ou postérieurs à l’événement qui viennent à la conscience,
  • émotions,
  • associations diverses.

La séance alterne entre des séries de mouvements oculaires et des pauses jusqu’à l'intégration complète du souvenir. Lors des pauses, la personne décrit au thérapeute ce qu’elle a observé puis elle est invitée, lors de la série suivante, à continuer à noter ce qui lui vient spontanément. Aucun effort particulier, aucune compétence spécifique n’est nécessaire de la part du client.

 

Quelle est la durée d'un traitement EMDR?

Un traitement EMDR peut prendre quatre séances comme plusieurs mois, selon la complexité des problématiques à traiter. Il est impossible de répondre à cette question dans l'absolu.

 

Je n'ai pas vraiment de gros traumatisme mais je voudrais faire une psychothérapie. Puis-je bénéficier d'une psychothérapie EMDR?

Oui. Certains événements de la vie, même s’ils ne sont pas objectivement considérés comme traumatisants, peuvent laisser des blessures psychologiques. Par exemple, une parole blessante prononcée à l’école par un enseignant peut avoir induit un sentiment d'humiliation qui a été renforcé par d’autres événements douloureux et irrésolus (non intégrés) plus tard dans la vie de la personne (exemple : rupture amoureuse, perte d’emploi, conflits, etc). Le traitement consistera alors en l’identification puis le retraitement nécessaire à l’intégration de la chaîne des souvenirs liés au sentiment d’humiliation.

 

Combien de temps dure une séance EMDR?

Une séance peut durer entre 20 minutes et 1h30. La plupart du temps, une séance traditionnelle de psychothérapie de 50 minutes à une heure est suffisante.

 

Vais-je être hypnotisé(e)? Vais-je perdre conscience?

Absolument pas. Pendant toute la durée de la séance vous demeurez parfaitement conscient.

 

Une seule séance est-elle suffisante pour en terminer avec un traumatisme très grave (viol, agression, catastrophe naturelle, etc)?

Non. Assez régulièrement, nous constatons que plusieurs séances peuvent être consacrées au retraitement d'un seul souvenir, particulièrement lorsque la charge émotionnelle associée est très forte. Il n'est pas rare de consacrer deux à quatre séances EMDR sur un grave traumatisme.

  

J'ai une lourde histoire traumatique et j'ai peur de ce qui pourrait se passer en thérapie. Que dois-je faire?

Si vous prenez rendez-vous avec moi parlez-moi le plus tôt possible de vos craintes.

Sur le plan du traitement lui-même, la question du rythme est cruciale. Il faut aller «aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire». Certaines personnes peuvent débuter rapidement le traitement EMDR, alors que d’autres auront besoin de plus de préparation.

L’EMDR n’est pas un protocole rigide que l’on va appliquer toujours de la même manière et il est de mon devoir d'adapter, avec souplesse et compréhension, le rythme du travail thérapeutique à vos besoins.

 

Peut-on «rater» ses séances d'EMDR ou ne pas être doué(e) pour cette approche?

Non et pour une raison très simple : le client n'a rien de spécial à faire. Il n'a qu'à observer le matériel psychologique qui émerge spontanément (images, idées, souvenirs, prises de conscience, sensations corporelles, émotions, etc.).

 

Y a t-il des effets secondaires?

Oui, assez régulièrement. Le plus souvent, les clients rapportent une fatigue pendant et/ou après la séance. Quelques personnes rapportent également de brefs maux de tête. C’est un élément à prendre en considération car une personne peut avoir des échéances importantes (examens, entrevues professionnelles) qui nécessitent de différer la réalisation d’une séance EMDR. Ces effets secondaires se résorbent généralement très vite.

Il est également possible que le travail de retraitement se poursuive entre les séances pouvant alors augmenter provisoirement certaines émotions en lien avec le souvenir travaillé. Parfois, d'autres souvenirs douloureux émergent. Toutefois, une ou plusieurs techniques de régulation émotionnelle sont enseignées au client pour y faire face adéquatement en dehors des rencontres.

 

Va-t-on faire une séance EMDR pour « essayer » dès la première rencontre ?

En plusieurs années de pratique il m'est arrivé une seule fois de commencer le retraitement d'un souvenir traumatique dès la première séance.

Même avec ses caractéristiques propres, la thérapie EMDR nécessite au préalable l’évaluation psychologique du client et de la problématique qui l’amène à consulter. Evaluation psychologique, développement de la relation thérapeutique, préparation à la thérapie EMDR et établissement d’un plan de traitement en fonction des objectifs du client sont toutes des étapes préalables à l’intervention à proprement parler. Généralement, je consacre au minimum la totalité de la première rencontre à ces fins.